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Séminaire du 23 Mars 2013

Le séminaire débute sur la reprise du dernier avec l’articulation de la question de la perversion à l’incarnation : sous un régime totalitaire (se taire totalement !) qu’il soit nazi ou stalinien, les lois qui instaurent l’interdit de penser s’incarnent dans le corps du dictateur. Pour preuve l’embaumement des corps de dictateurs. On n’embaume jamais les démocrates ! Avec la conservation des corps de dictateurs, alors curieusement on se détourne du père passeur de la loi car, par lui, elle ne fait que transiter.
Il faut se méfier de celui qui se met en position d’incarner les loi et d’une façon générale des gouvernants : « Aime l’ouvrage, hais la fonction dirigeante, ne cherche pas à t’approcher du pouvoir », dit le Talmud. Il s’agit de mettre en garde le sujet de tout ce qui pourrait le détourner de son désir.

S’ouvre ensuite la partie qui va traiter des lois du psychisme. J.P. Winter souligne, en effet, que ce qui est pervers ici ne l’est pas forcément là : « tout ça est mouvant et change ! » Ce qui ne change pas ce sont les lois du fonctionnement psychique même si une part de culture rentre dans l’affaire.
D’une culture à l’autre, les modes de représentation sont différenciés : alphabet phéniciens, hiéroglyphes, idéogrammes travaillent selon les lois de la représentation ; pour symboliser, ces écritures mettent en jeu des actes psychiques qui sont les mêmes.
Le psychisme obéit à des lois universelles communes.
Platon, le livre des morts égyptien, Babylone,… Pourquoi je me sens concerné par la Bhagavad Gita, le Talmud, Platon ?
1ère réponse : la logique à l’œuvre chez Platon, les Pères de l’Eglise, un texte indou, elle est la même. J’y retrouve un mode de raisonnement logique avec lequel je suis d’accord.
2ème réponse : Tous ces auteurs, d’une manière ou d’une autre, nous parle de quoi ? Sinon d’amour !

La dernière partie du séminaire va exposer longuement comment le discours analytique reprend ces sources en les réorganisant pour en faire un tout cohérent et comment y sont conjugués l’amour et la logique.
Avec ces deux figures majeures que sont Jésus (la loi) et Socrate (l’amour), J.P. Winter va soutenir que la psychanalyse est la première discipline qui se donne pour tâche de faire une synthèse entre la subversion par l’amour et la logique. Ou mieux, que la psychanalyse utilise l’amour comme le moyen de nous amener à tenir compte de la logique pour accéder, en chacun d’entre nous, à ce qui ne relève que de la logique.
Mais ni l’amour ni la logique ne sont une fin en soi pour la psychanalyse. Aller vers le tout logique (mathèmes et nœuds de Lacan) est aussi pathogène que de passer par un circuit qui se donnerait comme finalité l’amour.

La question est de savoir comment on accède à la logique inconsciente en passant par l ‘amour. On ne peut y accéder que par le transfert.
Ce qu’on peut attendre d’une cure analytique, c’est que dès le départ le sujet soit amené à changer de discours quelque soit le discours dans lequel il était pris auparavant car c’est au départ qu’une cure est subversive. Or le seul fait de changer de discours fait surgir l’amour. Dès qu’on se met à dire ce qu’on pense sans y penser, on risque de tomber amoureux. Alors les éléments constitutifs du discours permutent vers des places qui, elles, sont fixes (S1, S2, a, A : voir les 4 discours de Lacan).
Quand on tombe amoureux, on ne sait plus parler, on dit des bêtises (ainsi Christian à Roxane). Il y a là un indice pour que l’analyste repère la naissance de l’amour.
Tout ça est logique ! Quand on tombe amoureux, on se décentre de soi-même, ça nous laisse sans voix. Mais comme l’amour ne va pas sans haine ni ambivalence, la haine aussi peut nous laisser sans voix.
Au fond, c’est comme dans l’amour : un dire fait effraction, d’avoir entendu quelque chose ça fait effraction. C’est ce qu’on appelle un coup de foudre. C’est ça qu’il faut, un coup de foudre !

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