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Journées de travail du MCF 2024 à Montpellier — Féminin et Nom du Père

Journées des 21 et 22 septembre 2024 

Lacan distingue dans les formules de la sexuation deux positions subjectives,   masculine et féminine, qui ne se constituent pas sur le biologique entre homme et femme mais bien sur des modes de jouissance différents par rapport à la fonction phallique ; le phallus, comme chacun le sait, n’étant pas un organe du corps mais un signifiant du désir et du manque. Il propose ainsi une théorie de la différence des sexes qui ne se réduit pas à l’anatomie. 

Avec Freud, la psychanalyse implique l’identité sexuelle et le choix d’objet. Ce sont là deux paramètres à quoi il convient de rattacher le narcissisme, (Pour introduire le narcissisme, 1914.)  Du côté masculin le sujet se range tout entier sous la loi du phallus, se soumettant à la castration symbolique, perdant donc la jouissance absolue pour faire place au désir conditionné par le langage, soit par le ratage (Das Unbehagen in der Kultur). Du côté féminin, dans la cinquième des Nouvelles conférences de psychanalyse, Freud semble tiraillé entre ce qu’il nomme « fonction sexuelle » et « discipline sociale ». (Nouvelles Conférences de Psychanalyse)

 Lacan, lui, reprenant les thèses de Freud, fait le pari du signifiant et en arrivera à l’hypothèse d’un au-delà de ses effets de structure, la jouissance Autre. ll existe une part de subjectivité qui échappe à cette castration phallique. La femme n’est pas toute dans la fonction phallique, il y a un reste, jouissance Autre, qui sans limite, dépasse le langage. D’où l’on peut dire, peut-être, que la femme incarne ce qui y résiste ?                                                 

Ouvrant sur cette idée, au-delà du phallus, d’une jouissance féminine supplémentaire, illimitée, qui ne peut se dire, Lacan nous oblige à ne pas réduire le féminin à un négatif du masculin. Il nous contraint à essayer de le penser comme une positivité absolue qui ne saurait se résoudre dans un de ces discours idéologiques contemporains mus par une logique binaire erratique. « La femme comme version du Père ne se figurerait que de Père-version » Lacan, Autres Ecrits (1974). Comment penser  cette Père-version du côté de l’Œdipe au féminin ? La fille se loverait-elle dans cette version sous le regard paternel, dans le fantasme paternel ? Si, jusqu’à il y a peu de temps le confort des femmes s’articulait à cette position reconnue socialement, qu’en est-il en ce temps que l’on dit de déclin du père ? La clinique montre que certaines femmes ont pu se connecter, au fil d’une analyse, à leurs temps pré-oedipiens  et souvent cela leur a permis de se relier à leur propre créativité et ainsi de s’autoriser à la Jouissance Autre parce que bordée par la part phallique en elle.

Il va de soi que tous les pères ne sont pas démissionnaires mais certaines femmes ont été surinvesties par des « pères-mères » . De ce fait, il semble que la rencontre avec l’homme leur soit rendue presque impossible. Cette hypothèse permettrait-elle de penser l’homosexualité féminine, comme choix d’objet masculin impossible et devrait-elle se résumer à cela ?  Si accéder à la jouissance Autre passe  par le père,  elle ne concerne pas que les femmes, c’est un fait dont les mystiques témoignent en la personne de Jean de la Croix qui parlait de lui au féminin : « se donner à son bien aimé », au Père, comme une femme « se » donne à un homme. Pouvons-nous faire l’hypothèse que le féminin est tout aussi bien porté par des hommes que le masculin par des femmes ? 

Parler de père-version impose alors de définir de quel père nous parlons. Peut-il s’agir du père biologique ou d’un père  en tant qu’agent dégagé de toute condition biologique de génitalité et de toute condition socio-économique ? Un agent ni homme ni femme qui n’est pas plus le propre « du supposé porteur » que de la « supposée manquer »  de l’attribut phallique. Si nous acceptons cette lecture tout en tenant compte de ce que « l’anatomie est le destin » cela nous oblige à penser la question du passage du masculin à l’homme et du féminin à la femme en renonçant à nos schémas habituels pour essayer de saisir comment s’en effectue alors la transmission à l’enfant ?

Poser ces hypothèses amène de nombreuses questions qui, nous l’espérons, susciteront de nombreux débats…

C’est ce que nous proposons pour ce week-end des 21 et 22 septembre à Saint Jean de Buèges.

Dates : samedi 21 et dimanche 22 septembre 2024
Lieu : Saint Jean de Buèges, près de Montpellier
Inscription : par courriel à mouvementducoutfrrudien@gmail.com ou par téléphone au 06 80 02 09 99

Petite bibliographie succincte

Sigmund Freud
  • Etudes sur l’hystérie
  • Trois essais sur la théorie de la sexualité
  • La vie sexuelle
  • Nouvelles conférences de psychanalyse, la féminité
  • Quelques conséquences de la différences anatomique des sexes
Jacques Lacan
  • Préface à L’Éveil du printemps, Autres écrits
  • Séminaire 3 Les psychoses du 18 janvier 1956 
  • Séminaire 5 Les formations de l’inconscient, 12 février et 25 juin 1958
  • Séminaire 7 L’éthique de la psychanalyse, mai-juin 1960
  • Séminaire 16 D’un autre à l’Autre
  • Séminaire 18 D’un discours qui ne serait pas du semblant, 20 janvier 1971
Françoise Dolto
  • La sexualité féminine
Marie Darrieussecq
  • Fabriquer une femme
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