Le dimanche 7 janvier 2024 à 16 heures et 22 heures, Jean-Pierre Winter répondra aux questions des auditeurs au sujet du podcast interactif « L’inconscient » que vous trouverez sur le site de France-Inter. Le thème sera « Les relations affectives dans les familles recomposées ».
Dans son livre « Triste tigre », Neige Sino raconte comment, jeune, elle fut abusée sexuellement par son beau-père. Avec Phèdre et Cendrillon mais aussi le film de 1993 « Madame Doubtfire », Jean Pierre Winter s’interroge sur ce qu’il appelle les relations affectives dans les familles recomposées.
Jean-Pierre Winter convoque d’abord deux grands textes : d’abord Cendrillon. Perrault dès son introduction, énonce ce qui se passe souvent dans la tête d’un jeune enfant qui voit arriver dans sa vie un nouveau parent après l’éclatement de sa famille de naissance. C’est ce qui se passe dans la tête d’un enfant jeune quand il voit débarquer un intrus ou une intruse qui serait, par exemple dans Cendrillon, la belle-mère*.* L’enfant voit une femme qui vient occuper l’espace familial d’une façon nouvelle, d’une façon à laquelle il n’était pas habitué jusque-là, et qui surtout exercera sur le père une autorité tout à fait contestable de son point de vue. Quant à qui se trame dans l’histoire de Phèdre telle que Racine la met en scène, c’est une tragédie qui raconte la rencontre entre une femme et le fils de l’homme qu’elle aime ou qu’elle a cru aimer. Racine met en place un cadre qui produit ses effets à l’insu des protagonistes dès lors qu’une telle rencontre se produit. Un cadre au sens où Freud a reconnu, dans l’histoire de l’Œdipe de Sophocle, le dispositif à partir duquel il a construit les relations intrafamiliales inconscientes. Après tout, pour ces familles recomposées, pour ces relations entre la belle-mère et le beau-fils ou la belle-fille, pourquoi n’y aurait-il pas aussi une détermination inconsciente qui guiderait la relation ? Concernant Madame Doubtfire, le film de 1993 de Chris Columbus interprété par Robin Williams : il y a là la “dégradation de l’imago paternelle ». Et pourtant derrière la figure du père évacuée de sa place, apparait les traits de la mère puisque le père se travestit en femme afin de se faire engager comme nounou de ses propres enfants pour pouvoir continuer à les voir.
La famille n’est pas seulement un fait biologique mais, aussi, un fait culturel, guidé par les lois, par les mythes, et par l’usage que chacun en fait. Ainsi il apparait aujourd’hui, plus que jamais dans l’histoire, que les problèmes de famille sont des problèmes d’institutions politiques, d’institutions juridiques et donc en dernier ressort, d’institutions langagières sans que le socle biologique sur lesquelles elles reposent, complètement éclaté, soit devenu pour autant obsolète. L’on constate que la vie de famille, à partir du moment où elle n’est pas réglée par les interdits qui structurent la vie psychique, est réglée par d’autres interdits qui s’y substituent. Par « interdits », il est question des relations qui sont interdites, dans le dire, à l’intérieur du dire. Les interdits sont de l’ordre de mythes qui guident nos âmes et nos affects le plus souvent à notre insu. Beaux-parents et beaux enfants y sont soumis tout en pouvant imaginer qu’ils ne les concernent pas. Ce qui peut créer un climat de tension érotique difficile à mettre en mots et en lumière.
Chacun peut poser des questions sur le répondeur au 01 56 40 64 04 ou par note vocale sur la page de l’émission « Les relations affectives dans les familles recomposées »